La méditation est devenue une activité moderne, assez « in », suivant la tendance du New Age, et de la mode du bien-être. Travailler sur soi ne choque plus, c’est même assez aisé de dire que l’on fait du yoga une fois par semaine et que l’on médite tous les matins. Et tant mieux ! Les tabous sur la pratique méditative ont été battus en brèche par quelques lanceurs d’alertes courageux qui nous ont averti de l’agitation et de la distraction permanente dans laquelle nous vivons, nous éloignant toujours plus de notre vérité intérieure. Cependant si l’on peut grandement se réjouir de cette popularisation des pratiques méditatives, il semble nécessaire de conserver son libre-arbitre quant à la pratique que nous choisissons.

Comment savoir quel type de méditation choisir ?

La réponse n’est pas tranchée et se veut liée à l’objet de notre méditation. C’est pourquoi nous en distinguerons deux grands types. La méditation bouddhiste et les autres méditations. La méditation dite moderne : de la relaxation à l’ésotérisme, en passant par l’énergétique Cette première catégorie de méditation a pour principale caractéristique, qu’elle répond a un objectif précis, avec bien souvent un thème défini comme les chakras, la purification, le voyage astral. Elle est celle dont les résultats sont les plus rapides à obtenir puisque fondée sur l’idée que nous devons nous sentir bien mieux après qu’avant. Ces méditations sont souvent issues d’écoles contemporaines de spiritualité et de thérapie. Souvent appelées par les organisateurs de stages, ou par les écrivains « Méditations », elles ont bien souvent déjà un autre terme qui leur est dévolu. Néanmoins, la confusion est grande, et il est parfois difficile de s’y retrouver. Ainsi notre classification est issue de l’étude d’un ensemble de séminaires, de livres, et de programmes proposés par les nouvelles écoles de développement personnel. La méditation-thérapie : elle a bien souvent pour objet nos centres énergétiques, souvent nommés chakra, et utilise la visualisation. Ainsi, il est question de visualiser une partie de notre corps physique, ou de nos corps énergétique et de le guérir par la visualisation d’une couleur, d’un mantra, ou de tout autre symbole guérisseur. Elle s’adresse à toute personne dont l’objectif est d’harmoniser son énergie, il est préférable qu’elle soit instruite par un thérapeute mais est facile à aborder de manière intuitive avec quelques connaissances. La méditation de relaxation : elle a pour objet la détente du corps et de l’esprit durant le laps de temps que dure la méditation. Souvent accompagnée d’une musique douce et relaxante, le méditant cherche avant tout à se décharger de son stress et de ses tensions. Elle passe généralement par le souffle, la détente en pleine conscience de son corps, ainsi que par les points d’ancrages. Elle est pratiquée en Sophrologie notamment (sans la musique). Elle s’adresse à toute personne désireuse de se reconnecter à son corps, il est préférable qu’elle soit transmise lors d’une séance de sophrologie ou lors de séance de relaxation, en yoga par exemple. La méditation ésotérique et le voyage astral: elle a pour objectif de transcender sa propre conscience. Elle utilise beaucoup les symboles, les différents niveaux de conscience et doit impérativement être guidée pour les novices. Cette méditation ne s’adresse pas à tout public. Il convient d’être très ouvert à l’ésotérisme, ainsi qu’à de nombreuses notions énergétiques qui en permettent une pleine compréhension. Ces méditations nommées dans le milieu ésotérico-énergétique, « voyage astral », doivent être pratiquées avec un maitre confirmé dans le domaine, jamais seul, et il convient d’user plus que jamais d’esprit critique, quant à cette pratique. La méditation en lien avec le yoga : elle regroupe un ensemble de pratiques encadrées par la respiration alternée, la concentration sur certains points précis du corps comme le troisième œil, ou alors dans une posture bien spécifique qui peut varier d’une école à l’autre. Elle s’adresse à toute personne sensibilisée à la pratique du yoga. Il est préférable qu’elle soit instruite par un professeur. La méditation suggestive ou autohypnose: elle a pour objet un thème particulier, un problème ou un blocage que nous rencontrons et que nous souhaitons lever par la pratique d’une forme d’autosuggestion à travers des mots, des enregistrements audio etc. Elle s’adresse à des personnes qui maitrisent les différents aspects de la psychologie humaine et qui peuvent ainsi gérer leur programmation. Sinon il est préférable d’être encadré par un professionnel. Les autres méditations modernes : qui ont pour objectif de nous reconnecter à notre Soi, à travers des guidances angéliques, ou des chaneling. Il peut également s’agir d’une méditation pour entrer en lien avec ce qui est souvent appelé dans le domaine, les êtres qui évoluent sur d’autres plan, comme les êtres de la nature, les maitres ascensionnés, les guides spirituels. Toutes ces méditations ont des objectifs bien précis et se trouvent souvent à mi-chemin entre la méditation et la prière. Il s’agit aussi des méditations sur l’abondance, sur la guérison miraculeuse et autre thèmes liées à des blocages spécifiques. Cette liste n’est pas exhaustive, il existe en effet une immense déclinaison de méditations modernes. Elles sont souvent des pratiques parapsychologiques effectuées en état méditatif, plus qu’une méditation durant laquelle le mental s’apaise.

Qu’est ce qui différencie donc toutes ces méditations de la méditation bouddhiste ?

La principale différence est l’absence d’objectif déterminé dans la méditation du calme mental, selon les enseignements bouddhistes. La méditation bouddhiste revêt plusieurs aspects selon les écoles, mais si l’on se concentre sur les deux grandes écoles que sont le bouddhisme tibétain et le bouddhisme zen (en particulier le zen Soto), toutes deux issues du Mahayana, la méditation s’émancipe au maximum d’un but à atteindre, d’un objectif défini, pour se rapprocher d’une vision non-dualiste. Méditation de Shiné pour le bouddhisme tibétain, Zazen pour le bouddhiste zen Soto, ces deux méditations ont en commun qu’elles s’appuient sur la posture du Bouddha Sakyamuni, et qu’elles ont pour objet la respiration et donc un retour au corps physique. La démarche est inverse de toutes les méditations modernes et ésotériques, qui visent à sortir du corps ou à en manipuler des éléments à dessein. Le seul objet utilisé est la respiration qui vient accroître la capacité de concentration du méditant, pour un retour au corps.

Alors quel intérêt à la méditation bouddhiste ?

Et bien justement l’absence d’intérêt est au cœur de cette méditation. Ne nous illusionnons pas, nous nous asseyons sur le coussin avec une idée, celle de nous améliorer, d’apaiser et de clarifier le mental, de libérer nos mémoires résiduelles de notre subconscient. Mais il est enseigné que la méditation bouddhiste ne doit pas être motivée par un objectif sans quoi nous perdons l’essence même de cette méditation : l’esprit sans but, sans profit. De la même manière, méditer avec l’intention d’atteindre le Nirvana nous maintient dans cette pensée dualiste. Or, la méditation bouddhiste, par essence, ne réside pas dans le dualisme.

L’abandon et l’acceptation au cœur de la méditation bouddhiste

Si les méditations modernes ont souvent pour objectif de nous apprendre à maitriser un pouvoir, une énergie, un élément de notre corps, des capacités extrasensorielles, la méditation bouddhiste est fondée sur la concentration de l’esprit et l’observation de nos pensées, de nos émotions et de nos illusions. Il s’agit d’une certaine manière de comprendre notre égo, en observant les différents éléments qui le constituent. Selon les enseignements, en comprenant notre égo et son fonctionnement, il nous est alors possible de l’oublier. Cette méditation du calme mental, n’a ni objectif ni support extérieur. Elle nous met en contact avec nous-mêmes, sans jugement ni ingérence, puisque la méditation bouddhiste ne se fonde ni sur le désir d’obtenir un résultat, ni sur le rejet des manifestations du corps ou de l’esprit, en passant par l’acceptation et l’abandon. En se plaçant dans cet état d’observation et de concentration, la méditation bouddhiste n’est pas toujours agréable selon nos critères de bien-être, en ce sens qu’elle n’a pas vocation à nous envelopper de tendresse dans un cocon douillet, mais plutôt de nous connaître nous-mêmes suffisamment pour en voir les tréfonds. Ainsi, il se peut qu’une séance nous amène à un état de profond calme et de paix intérieure, mais nous pouvons également expérimenter la remontée de mémoires enfouies, accompagnées d’émotions inconfortables et de pensées violentes. La pratique, qui requiert une grande discipline et régularité, permet de ne plus s’identifier à ces phénomènes qui naissent puis disparaissent, comme les nuages passent dans le ciel sans laisser de trace. Du côté du bouddhisme tibétain (hors pratiques tantriques), Chögyam Trungpa nous enseigne que « La seule façon d’expérimenter les choses vraiment, pleinement, et correctement passe par la pratique de la méditation qui crée un lien direct avec la nature, la vie, et toutes les situations. Lorsque nous parlons d’être hautement développé spirituellement, cela ne signifie pas qu’il faille flotter dans les airs. En fait, plus nous nous élevons, plus nous redescendons sur terre. » Dans le zen Soto, Maitre Deshimaru nous enseigne à propos des pratiques mystiques qui rejettent le corps que « L’imaginaire, le rêve se substituent de façon dangereuse à la réalité vécue à travers le corps. Dans le Zen Soto, la posture est primordiale, ensuite vient la respiration, et les deux simultanément définissent l’attitude de la conscience. Dans le corps doit être réalisé la nature de Bouddha. » Le Maitre Zen Sosan ajoute que « La Voie la plus haute n’est pas difficile. Il faut seulement rejeter toute discrimination. » Ainsi, dans la méditation bouddhiste (tantrisme tibétain exclu), il n’est pas question d’inclure le mental et avec lui les discriminations de ce qui est bien, de ce qui est mal, de ce qui doit être changé, de ce qui doit être différent, amélioré, guéri. La guérison de l’esprit se fait naturellement dans la méditation bouddhiste, et sans le contrôle de notre mental qui nous maintient dans une pensée dualiste.

Alors quelle pratique choisir finalement ?

Cela dépend de l’état d’esprit qui vous pousse à vous tourner vers une pratique méditative. Si vous avez un objectif défini avec un axe d’amélioration déterminé en termes de guérison, d’amélioration de vos performance alors des méditations thérapies vous conviendront très bien, tout comme les méditations relaxation. Si vous vous sentez appelé vers une pratique mystique, ésotérique, alors il existe des stages de méditations astrales encadrés par des professionnels, qui vous apprendront à utiliser les images, les symboles, les projections astrales. Si vous souhaitez une pratique non contraignante, qui vous apporte un maximum de réconfort et de détente alors les méditations relaxation et liées au yoga obtiennent de merveilleux effets pour se libérer du stress quotidien, et installer de bons réflexes de détente. Enfin, si vous souhaitez méditer pour entamer un véritable travail de fond, de connaissance de vous-même, de compréhension de l’égo, la méditation bouddhiste transmet des enseignements qui ont traversé les siècles et qui ont été approuvés et approfondis par de grands Maîtres. La méditation bouddhiste se veut transmise par des Maîtres, ou par des confirmés car une certaine rigueur dans la posture, dans l’état d’esprit, doit être assimilée.

L’écueil du matérialisme spirituel : lorsque l’égo s’empare de la pratique spirituelle

Dans le cas d’une quête spirituelle profonde, la méditation bouddhiste est celle qui se prémunit le plus de ce que l’on appelle le matérialisme spirituel. En effet, une grande illusion rencontré en chemin d’évolution est celle de se sentir et se définir soi-même comme évolué spirituellement, par la pratique d’une méditation qui inclue le mental, aboutissant au renforcement de l’égo. En effet, il n’est pas rare de rencontrer des personnes qui se disent très évoluées, qui prétendrons vous connaître mieux que vous-même, et savoir mieux que vous ce qui est bon pour vous. Bien souvent, c’est l’égo spirituel qui parle à travers ces personnes, et non la véritable spiritualité, qui est indicible, puisque au-delà de la dualité, du concept de « vous séparé de moi », de bon ou mauvais, de tout jugement, de toute prétention. En ce sens, notre parti pris sera de recommander à qui souhaite approfondir sa méditation, la pratique de la méditation bouddhiste, enseignée par un Maitre, et soutenue par l’étude des enseignements (livres, sutras, enseignements). Ces enseignements mettent en garde contre ce matérialisme spirituel, contre cette auto-illusion de notre avancé sur le chemin au moyen de pratiques indirectes, discriminantes (bien/mal, désir/rejet etc). La méditation bouddhiste amène à une vue directe, sans discrimination et nous conduit à ce qui ne peut être dit, car au-delà du « Je » narrateur, au-delà de notre individualité. Les méditations modernes font du mental un acteur de la méditation (restant dans le dualisme), tandis que la méditation bouddhiste observe le mental et ses manifestations sans s’y accrocher. Enfin, ne perdons pas de vue que l’ici et maintenant, vécu en pleine conscience, reste la méditation de chaque instant, au-delà de tout concept et enseignement. En vous souhaitant de trouver la pratique la plus juste pour vous.