Il est de ces mots et poèmes, mélodies et mantras, qui résonnent au plus profond de nous-mêmes, touchent notre être le plus sincère et y déposent la graine de la guérison de l’esprit. Le poème de Lama Guendune Rinpoché fait parti de ceux-là. Par delà les mots, il vibre d’une énergie qui le rend immortel, et vient nous rappeler que le bonheur n’est pas une quête qui se mène dans la dispersion de l’être mais au contraire, le bonheur est l’état d’être lui-même, présent ici et maintenant.
Le Très Vénérable Lama Guendune Rinpoché naquit en 1918 et entra au monastère de Khyodrag à l’âge de 7 ans. Il eut très vite une prédisposition pour la méditation et entamait sa première retraite solitaire à l’âge de 17 ans. Sa dévotion et sa discipline parfaite lui permirent de suivre scrupuleusement les enseignements de ses maîtres.
Il entreprît alors avec une grande volonté, la pratique des six Yoga secrets de Naropa, et plus particulièrement du Toumo. Comme le veut les enseignements, il n’était alors vêtu que d’un drap blanc et l’on dit que « par sa pratique du Toumo, il parvenait à faire fondre la neige autour de lui en extérieur et à sécher sur ses épaules des draps trempés dans l’eau glacée d’un lac. Durant l’hiver sa cellule de méditation n’était chauffée que par sa pratique du Toumo. Durant cette période Lama Guendune n’absorbait quasiment ni eau ni nourriture et obtint une réalisation parfaite des plus subtils états de méditation. »
Il poursuit son éveil en observant une pratique solitaire, mais fût contraint d’en sortir sur ordre de son maître-racine qui lui dit : » Le temps est maintenant venu pour toi de sortir. Ta méditation est parvenue à son terme, tu as obtenu la réalisation, il n’est plus utile de rester en retraite. Tu es véritablement détenteur d’une bénédiction, et tu peux désormais accomplir le bien des êtres en demeurant parmi la multitude. Ta réalisation est immuable, tu es semblable à un roc d’or. Tu peux en être sûr. Agis maintenant selon ta propre volonté »
Il partit en pèlerinage dans les lieux sacrés du Tibet durant lequel il attint l’Eveil. En 1959, lorsque l’occupation militaire du Tibet devint totale, il se rendit en Inde, auprès du Karmapa. Après plus de 15 ans, le Karmapa demanda au Lama Guendune Rinpoché de se rendre en Occident car dit-il « Les occidentaux, en dépit de leur bien-être matériel, sont ignorants du Dharma, et de ce fait connaissent beaucoup de souffrances dues aux perturbations mentales qui agitent leur esprit… Seule une spiritualité authentique peut porter remède à leurs souffrances. C’est toi qui seras chargé de te rendre en Europe pour le diffuser. Je sais que tu es un Lama qui a mené sa pratique jusqu’à son terme. Le temps est venu pour toi d’accomplir le bien des autres. »
Après avoir parcouru l’Europe durant des années, avec dévotion, pour donner ses enseignements, le Très Vénérable Lama Guendune décèda en 1997.
Parmi ses très nombreux enseignements, il laissa au monde un splendide poème, dont les mots et l’énergie semblent guérir celui et celle qui le lit.
Poème de Lama Guendune Rinpoché
Le bonheur ne se trouve pas avec beaucoup d’effort et de volonté mais réside là, tout près, dans la détente et l’abandon. Ne t’inquiète pas, il n’y a rien à faire.Tout ce qui s’élève dans l’esprit n’a aucune importance parce que n’a aucune réalité. Ne t’y attache pas. Ne te juge pas. Laisse le jeu se faire tout seul, s’élever et retomber, sans rien changer, et tout s’évanouit et recommence à nouveau, sans cesse. Seule cette recherche du bonheur nous empêche de le voir. C’est comme un arc-en-ciel qu’on poursuit, sans jamais le rattraper Parce qu’il n’existe pas, qu’il a toujours été là et t’accompagne à chaque instant. Ne crois pas à la réalité des expériences bonnes ou mauvaises, elles sont comme des arcs-en-ciel. A vouloir l’insaisissable, on s’épuise en vain. Dès lors qu’on relâche cette saisie, l’espace est là, ouvert, hospitalier et confortable. Alors profites-en. Tout est à toi, déjà. Ne cherche plus. Ne va pas chercher dans la jungle inextricable l’éléphant qui est tranquillement à la maison.Rien à faire
Rien à forcer
Rien à vouloir
Et tout s’accomplit spontanément